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Mudia: 300 œuvres mises en scène de façon inédite, ludique et pédagogique au cœur de l'Ardenne


Le Soir +
Mis en ligne le 21/06/2018
Par Jean-Luc Bodeux

Eric Noulet, collectionneur d'art, réalise son rêve de mettre l'art à la portée de tous. Le Mudia, dopé par une scénographie high tech, ouvre en septembre.

Des Véronèse, Brueghel, Rodin, Spilliaert, Picasso, Modigliani, Giacometti, Magritte, Hergé, Franklin, Geluck, et de très nombreuses autres œuvres, 300 en tout !, seront visibles dès le 10 septembre, au cœur du village du livre de Redu, en Centre-Ardenne.

Vassily Kandinsky, Les Arabes - Mudia
Vassily Kandinsky, « Les Arabes » - Mudia


Bien des confrères et d'autres interlocuteurs sont restés dubitatifs quand nous avons reçu l'invitation pour une conférence de presse présentant les tenants et aboutissants de ce « Mudia », un nouveau Musée Didactique de l'Art, résolument original et atypique, dont le secret avait été bien gardé jusqu'ici. Même le collège échevinal de Libin, contacté voilà quelques années, avait cru rencontrer au départ un doux rêveur ou un « fumiste »...

Eric Noulet, créateur du Mudia
Eric Noulet, créateur du Mudia


Le Mudia est pourtant le rêve devenu réalité d'Eric Noulet, un collectionneur et amateur d'art passionné, un projet qui se concrétise, après des années de préparation. «J'ai travaillé dans le marketing à l'international et dans mon métier, j'ai toujours cherché l'innovant. L'art m'a toujours passionné, mes parents étaient collectionneurs. Et quand je vois mes petits-enfants qui ne tiennent pas plus de dix minutes dans un musée, je me suis dit qu'il fallait mettre sur pied quelque chose qui les retienne et les passionne environ une heure et demie... »

Pourquoi à Redu ?

« Pourquoi pas ? », réplique Eric Noulet dont la devise est « de ne jamais faire comme les autres. Et puis, aux Pays-Bas, le musée Kröller-Müller, par exemple, est bien installé lui aussi hors des grands centres urbains et attire du monde. Redu est aussi un coup de cœur. J'aime ce village, les gens d'ici, et mon épouse est originaire de la région, de Saint-Médard. Je vis depuis des années entre Luxembourg et cette commune de Libin ».

La bourgmestre Anne Laffut est heureuse d'un projet qui s'inscrit « dans le cadre de notre politique culturelle et touristique. Ce sera un plus incontestable pour le village du livre qui fêtera ses 35 ans l'an prochain, et pour l'Euro Space voisin. Le Mudia sera une possibilité de visite complémentaire pour les milliers de stagiaires de l'Euro Space. L'art en milieu rural a toute sa raison d'être ».

Valerio Castello, La Vierge à l’enfant servie par des anges - Mudia
Valerio Castello, « La Vierge à l'enfant servie par des anges » - Mudia



C'est donc dans l'ancien presbytère de Redu, qui a connu ensuite l'activité artisanale d'une savonnerie, que le Mudia ouvrira ses portes. Trois millions d'euros y ont été investis sur fonds propres par son nouveau propriétaire, moitié moitié pour la rénovation et la scénographie.
Le bâtiment gardera son architecture traditionnelle du XIXe mais le faux rustique a disparu au profit du contemporain. Aux dires de l'architecte régionale Geneviève Migeal, le bâtiment sera désormais truffé de câbles et de tuyaux, pour les systèmes d'alarme, l'hygrométrie, les technologies. En tout, 1.000m² seront disponibles, répartis dans 20 pièces.

Le MUDIA, ou « l'art autrement », sera en effet un mélange d'expositions d'œuvres qui ont traversé le temps, sept siècles en fait, du XVe au XXIe, et 46 mouvements d'art différents, le tout supporté par une scénographie due aux plus grands studios belges qui utilisent les techniques les plus innovantes qui en feront sa particularité spécifique. Mais l'art et les œuvres en resteront l'essence et le fil conducteur.
« L'idée de base d'une visite au Mudia, explique Karlin Berghmans, manager et conservatrice, sera d'apprendre et de découvrir l'art d'une autre façon, que ce soit le grand public et des amateurs d'art pointus. L'art cohabitera avec le didactique et le ludique. Nous donnerons les clés pour décoder l'art, de façon pédagogique, émotive et interactive. S'il y aura des écrans et de la technologie, elle sera justifiée et non invasive. »

Saint-Marc et Saint-Marcelin menés au martyre, un tableau préparatoire de Véronèse - Mudia
« Saint-Marc et Saint-Marcelin menés au martyre », un tableau préparatoire de Véronèse - Mudia


« Il fallait éviter deux pièges, poursuit Xavier Wielemans, un des artisans de la scénographie. L'équipe multimédia est très variée et il y aura une rare concentration de technologies. Mais nous avons rendu le parcours le plus fluide possible et uniforme, d'une pièce à l'autre. Ce ne sera pas une succession de stands et de gadgets. » Le tout a été coordonné par Christophe Gaeta, qui a déjà mis sa patte dans de nombreux musées et expositions en Belgique et en Pologne notamment.

Eric Noulet proposera donc une traversée à travers sept siècles d'art multiple, où cohabiteront peintures, sculptures, dessins, BD, photographies et cinéma, dans un parcours ludique, digital et high-tech qui invitera donc le public, jeunes et plus âgé, à ne pas être statique. Les œuvres proviennent de sa propre collection, mais aussi de collectionneurs belges et internationaux. « Certaines n'ont jamais été montrées au public, commente Karlin Berghmans. Ce sera donc exceptionnel. » Et si aux premiers noms cités, on ajoute encore ceux de Rops, Mucha, Klimt, Klee, Delvaux, Dubuffet, Warhol, Alechinsky, Bury et Permeke, on peut imaginer que le village du livre et l'économie régionale seront dopés par ce cadeau venu de nulle part ! Et s'il n'y aura pas de place pour des expositions temporaires, du moins dans ce bâtiment-là, Eric Noulet espère déjà qu'il y aura un roulement de certaines œuvres après quelques années, toujours grâce à ces collectionneurs prêteurs.

Une jeune directrice

La direction du Mudia est confiée à la jeune historienne d'art Karlin Berghmans, conservatrice du Musée en plein air du Sart-Tilman de 2012 à 2014 et shop manager de la boutique du Bastogne War Museum de 2014 à 2018.

Pratique
Le Mudia ouvrira ses portes dès le 10 septembre, du mercredi au dimanche, de 10 à 18h, place de l'Esro à Redu.

La visite pourra se terminer par une « expérience gustative inédite, estime Eric Noulet. Nous ne ferons pas concurrence à l'horeca local, et nous proposerons donc un espace de dégustation de produits régionaux dans un café gastronomique, avec les meilleurs vins et bières, et une épicerie fine, le tout lové dans un concept unique et agréable de formule de dégustation dans une bibliothèque, village du livre oblige ! »

- Source

- Site du Mudia

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Redu, village du livre (ph. © Katrin Schönig)
Redu, village du livre (ph. © Katrin Schönig)


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