Des œuvres d'art d'Égypte ancienne et d'Afrique contemporaine réunies par un collectionneur suisse, qui interpellent un groupe ce 30 août 2025.
Impressionnante par sa taille (11 mètres de haut), par son emplacement, par ses couleurs, par les matériaux qui la composent et par son double message – célébrer le Nil, dénoncer la pollution par le plastique –,
La plume, le papier et le parfum, œuvre spécialement créée pour et dans le hall de la resplendissante villa Empain par l'artiste marocaine en résidence Ghizlane Sahli, accueille un groupe de Collectiana composé d'une quinzaine de personnes.
Piloté par Florence Doyen, égyptologue renommée, le groupe se rend d'emblée dans la salle arrière avec vue sur la piscine et les jardins, où sont exposées d'étranges sculptures la plupart aux grands yeux, qui semblent observer chacun et chacune. Composés de matériaux de récupération ou d'objets divers, peignes, ciseaux ou douilles, armes de guerre, ils ont été façonnés par des artistes du Bénin ou du Mozambique et illustrent les préoccupations contemporaines de ceux-ci. Un trône, symbole de pouvoir, réalisé avec des pièces de kalashnikovs, les impressionne.
Se rendant à l'étage, les visiteurs découvrent d'autres œuvres, d'Égypte ancienne celles-là, issues de la collection d'antiquité de la Fondation Gandur. Au sein de cette fondation, le collectionneur suisse Jean-Claude Gandur, dont l'enfance s'est déroulée à Alexandrie, dispose de quatre collections distinctes. Pour la villa Empain, deux de ses conservateurs ont uni leur compétence pour relier les œuvres anciennes et l'art contemporain, sous l'intitulé
Regards intemporels, avec des « clins d'œil » (terme en l'occurrence approprié) particulièrement évocateurs, notamment la représentation de pharaons anciens et contemporain, qui ne manque pas de saveur.
Expliquant le rôle des yeux, la couleur respective des personnages féminins et masculins, l'origine des têtes en pierre des pharaons et le rôle de ceux-ci, la symbolique des animaux représentés par de nombreuses statuettes, Florence Doyen capte son auditoire, malgré l'espace assez réduit de la plupart des salles du premier étage et la chaleur estivale à laquelle elles sont soumises.
Sous sa conduite, le groupe se voit éclairé non seulement sur la richesse, la cohérence et l'épaisseur des religions et des mythes anciens, mais aussi sur les interrogations très contemporaines des artistes africains, qui laissent échapper leur désarroi devant les périls qui menacent l'avenir.
Rappelant le contexte des œuvres de collection, Florence Doyen attire l'attention sur quelques-uns des objets que les marchands ont falsifiés et rend hommage aux collectionneurs qui, tel Jean-Claude Gandur, rendent accessibles leurs collections au monde scientifique et au grand public en vue d'augmenter les connaissances de chacun.
Ainsi éclairés, notamment sur les mythes, peu connus par eux, de l'œil de Rê et de l'œil d'Horus, bien présentés dans les salles de bains de la villa Empain, les visiteurs échangent leurs impressions et leurs dernières questions avec la spécialiste en égyptologie, non sans que celle-ci ait proposé des pistes d'approfondissement supplémentaire.
A.G. 3 septembre 2025