Préambule
La Suisse n'est pas seulement le pays des banques, du fromage et du chocolat, c'est aussi celui des musées
(1) : au dernier recensement, ils sont presque 1100, témoignant d'une inquiétante «collectionnite» qui ne semble pas devoir se calmer.
Pour remonter au XVIIIe siècle (voir l'ouvrage de Schubiger mentionné en bibliographie), de multiples collections apparaissent, que relève par exemple
La Conchyliologie de Dezallier d'Argenville (1780 : I : 403-4); plusieurs de celles-ci ont disparu avec leur créateur ou se sont fondues dans des institutions publiques sans conserver leur identité. En se circonscrivant au pays de Neuchâtel, nombre de cabinets y ont également fleuri que listent des voyageurs, sans donner leurs sources, généralement dépassées. Il est certain qu'au fur et à mesure de dépouillements d'archives personnelles, de nouveaux ensembles ou des détails inconnus ne manqueront pas de surgir
(2).
À la recherche d'une «Divinité Indienne en bois d'Ebenne» appartenant au Cabinet d'histoire naturelle du général de Meuron
Je partirai d'un exemple emblématique de cabinet, qu'il est encore possible de réidentifier partiellement ainsi que je l'ai publié voici 14 ans, car il dessine à la fois le portrait d'un collectionneur et le paysage «pré-muséal» de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Mais je voudrais ici mettre l'accent sur le processus de connaissance à travers quelques étapes de ma tentative de reconstitution, avec les allers retours trop souvent soigneusement cachés pour ne garder que les résultats, alors que la recherche s'apparente parfois à une véritable enquête policière.
Sans entrer dans tous les épisodes de sa vie, quelques brèves données biographiques sur la personne du créateur et possesseur de ce cabinet sont indispensables.
Le collectionneur : Charles Daniel de Meuron (1738-1806), militaire (mais aussi commerçant)
Né le 6 mai 1738 à Saint-Sulpice, Charles Daniel de Meuron quitte un apprentissage de commerce pour s'enrôler en 1755 dans le régiment de Hallwyl au service du roi de France et participe comme sous-lieutenant à la campagne navale contre les Anglais aux Antilles. Il se fait incorporer ensuite dans le régiment des gardes suisses où il obtient le grade de colonel. En 1781, il lève son propre régiment pour la Compagnie hollandaise des Indes orientales (VOC) et conduit ses troupes au Cap de Bonne-Espérance. Au bout de cinq ans, il en laisse le commandement à son frère cadet Pierre Frédéric et regagne l'Europe.
En 1795, il donne
son cabinet d'histoire naturelle à la Commune bourgeoise de Neuchâtel, passe à la solde de Sa Majesté britannique et se rend en Inde afin d'avaliser ce transfert.
Il ne revient que deux années plus tard et se retire finalement en 1800 à Neuchâtel où il décède de suites opératoires en 1806.
(Voir :
Dictionnaire historique de la Suisse.)
Le Cabinet d'histoire naturelle et son Inventaire
Le Musée d'ethnographie de Neuchâtel (MEN) est issu de la donation, le 6 juin 1795, de cet ensemble privé mais ce n'est qu'au tout début du XIXe siècle que les
ethnographica lui seront départis, non sans quelques absences. Un registre in-folio du XVIIIe siècle, partiel et manifestement incomplet, titré
Inventaire du Cabinet d'histoire naturelle... sera «miraculeusement» retrouvé dans les années 60, méritant une analyse poussée.
L'existence de ce document, et la façon dont il a été conçu, est en soi remarquable de la part d'un particulier; de toute évidence, Charles Daniel de Meuron ne l'a pas réalisé lui-même mais en a donné l'ordre à quelque secrétaire.
Longtemps je me suis imaginé qu'avec sa belle écriture notariale l'auteur en était François Michel Chop(p)in, ancien employé de Pierre Alexandre Du Peyrou – le fidèle et dévoué ami de Jean Jacques Rousseau – qui, après le décès de son patron, accompagnera Charles Daniel de Meuron «aux Indes» en 1795. Or il fallait commencer par étudier soigneusement le registre pour s'apercevoir que les dates ne pouvaient correspondre... mais j'anticipe !
La bibliothèque
Aussi insolite cela puisse-t-il paraître, j'ai commencé mon étude par la bibliothèque dont 80 titres sont répertoriés dans l'
Inventaire, de manière abrégée, sinon incorrecte, incomplète en tout cas puisqu'une moitié des noms d'auteurs ne sont pas indiqués et que, de surcroît, la liste ne donne qu'une idée partielle de ce dont ce fonds était réellement constitué (voir KAEHR, 1988, mentionné en bibliographie).
J'estimais que son contenu n'avait en rien été «publié» avec une simple transcription de la liste brute et, en tant que multiples, les livres me paraissaient plus faciles à aborder. Je me trompais lourdement. Comme le rappelle un bibliothécaire (SCHMIDT 2002 : 233),
«Ces titres sommaires correspondaient parfaitement aux besoins [...] de l'époque mais posent en effet des problèmes au bibliographe moderne.»
Il y a plus d'un quart de siècle, avant les ressources et surtout les facilités de l'Internet, il fallait recourir aux bibliographies nationales, les 580 volumes du NUC, ceux à peine moins nombreux du BMGC, les plus maniables de la BN et faire preuve d'imagination pour retrouver les entrées correctes, dépouiller les bibliographies spécialisées voire consulter, par exemple, le
Journal de la Librairie lorsqu'une date était donnée...
Je choisis le cas de l'ouvrage en 1 volume:
«Relation de la France Equinoxiale» trouvé sous [C] 27. Impossible à identifier à moins de penser que le titre est incomplet et d'imaginer qu'en réalité il s'agit de: «Nouvelle relation...» publié en 1743 par Pierre BARRÈRE, ouvrage qu'avait emporté Johann Reinhold Forster sur le
Resolution. Aujourd'hui un simple
clic sur «WorldCat» fournit instantanément la réponse et ne révèle l'existence d'aucune
«Relation...» tout court.
Au-delà de l'exercice intellectuel permettant de se plonger un peu dans les pratiques du XVIIIe siècle, son fatalisme un peu déconcertant, et d'intégrer mentalement d'autres rapports espace – temps, ce travail préliminaire allait me fournir de précieuses informations.
Répartis en 8 sections, les ouvrages listés sont précédés d'une cote alphanumérique (en gras) qui correspondait certainement à leur emplacement physique dans les différents corps d'une bibliothèque, les subdivisions alphabétiques recoupant globalement le format des volumes, encore qu'aucun des exemplaires retrouvés ne porte la moindre marque.
Sans reprendre ici le détail de l'analyse
(3), le document fournit des repères chronologiques fiables. Le titre figurant sur une page intérieure – elle manque au début du registre – fait état d'une décoration honorifique reçue par Charles Daniel de Meuron le 29 octobre 1789.
Le Manuel du minéralogiste de Bergman de 1792 occupant la dernière position et les
Papillons d'Europe d'Engramelle étant alors en cours de publication, il s'en déduit que le travail a été entrepris entre ces deux dates.
Ainsi était annihilée mon hypothèse sur l'auteur du travail, auteur finalement repéré : le secrétaire en question
(4) n'avait fait qu'un bref passage au service de Charles Daniel de Meuron, ce qui explique aussi l'inachèvement de l'entreprise. Il est même loisible de donner une fourchette plus serrée pour la réalisation, soit dès 1790/91 et poursuivie jusqu'au début de 1792.
Malgré tous mes efforts, quelques titres n'ont pu être décryptés ni certaines éditions confirmées, mais l'exercice était formateur en ceci qu'il ouvrait aussi dans le domaine spécifique de l'imprimerie, en particulier les «signatures» des feuilles composant les cahiers, ce qui servira pour une analyse ultérieure.
Entrés secondairement et de manière peu claire à la BPUN, une partie des ouvrages listés a subsisté, reconnaissables pour certains à leur reliure, fort spartiate, mais dont leur propriétaire avait fait frapper le plat supérieur d'un
superlibros.
Après avoir préalablement ciblé les titres potentiels, j'ai parcouru les rayons de l'institution et pu doubler à peu près le nombre d'ouvrages ayant fait partie de la bibliothèque mais son étendue reste partiellement inconnue étant donné l'absence curieuse de certains domaines
(5).
À titre méthodologique, remarquons qu'il est souvent fructueux de considérer non le matériel à disposition mais de s'interroger sur ce qui manque !
Ce survol donnait certes une idée – fût-elle incomplète – des intérêts de Charles Daniel de Meuron. D'avoir en mains les volumes mêmes faisait apparaître une autre dimension : à quelques exceptions près (guide de voyage, par exemple), les livres sont dans un tel état de fraîcheur qu'il est douteux qu'ils aient été beaucoup pratiqués. L'existence de ces nombreux volumes ressortit manifestement – en partie tout au moins – au décorum.
Du même coup, une date était fournie pour les «Divers objets» qui y sont répertoriés. Il faut toutefois souligner que, même après la donation, le fonds a continué d'être enrichi jusqu'au tout début du XIXe siècle, ce qui complique la tâche. Mais je vais trop vite en besogne !...
Une division trinitaire totalisante (LAFONT 2012 : 14)
L'étiquette collée au dos du registre indique:
«Inventaire / du Cabinet. // T. II. / Regnes / végétal / & / minéral. // Bibliotheque, / Tableaux, / Gravures, &c.», ce qui ne correspond qu'imparfaitement au contenu.
Le règne animal occupe en effet la plus grande partie du volume à la place du règne minéral annoncé.
Dans la logique de la classification finalement adoptée
(6), cette substitution du règne animal au règne minéral implique que celui-ci doive précéder les deux autres (minéral, végétal, animal). Conséquemment, un registre réservé au monde minéral doit constituer le tome I.
La familiarité avec les «signatures» typographiques des imprimeurs français permet d'entrevoir une systématique – tout en confortant l'identité du secrétaire. Successivement sont employées dans ce Tome II les lettres A à Y capitales pour le règne végétal, A à M italiques pour le règne animal et a à z bas-de-casse pour la «Conchyologie», avant qu'apparaissent, tout à la fin pour les «multivalves», les séries aa et bb, cependant que les livres sont cotés A à H (capitales gras).
Aux erreurs de ventilation près, le classement est donc strictement naturaliste et suit une grille préétablie qui s'est inspirée d'une nomenclature en cours
(7) non identifiée – voire de plusieurs –, peut-être simplifiée, non sans quelques adaptations et flottements.
Sur les 534 positions relevées, 139 concernent le
«Regne végétal», 315 le
«Regne Animal» (dont 104 sont occupées par les coquillages) à quoi s'ajoutent les 80 entrées de livres.
Pour ce qui est du règne minéral, des étiquettes ayant subsisté sur des spécimens, un doublement des capitales AA, BB, CC, DD, EE a été utilisé, ressource supplémentaire qui signifie logiquement que l'enregistrement a été établi par la suite, donc que ce
Tome I manquant est le
second établi et qu'il a été dévolu après coup à ce domaine.
Malgré l'absence du registre, grâce à ces cotes, le découpage du règne et, partiellement, l'importance de chacune des sections ont ainsi pu être imaginés. Surtout, il est manifeste qu'une mutation conceptuelle a ainsi été opérée, l'ordre initial inverse (animal, végétal, minéral) se référant à l'idéologie ancienne qui met l'Homme au sommet de la Création.
Les «curiosités artificielles»
Conformément à l'esprit du siècle et au primat naturaliste, il n'y a pas de division spécifique pour les objets manufacturés : tous les
artificialia – qui regroupent aussi bien des
exotica que des objets européens et quelques rares machines ou
«scientifica» (8) – sont relégués, à quelques exceptions près, à la fin de chaque règne sous l'en-tête «Divers objets», en fonction de la matière principale dont ils sont constitués ou censés l'être, non sans incohérences.
Je laisse de côté une série d'animaux «factices en petit», soit 74 types à plusieurs exemplaires parfois, qu'une visiteuse, Mme de GAUTHIER (1790), avait vus et déclaré fabriqués à Strasbourg.
Je relève dès lors 34 positions pour le règne végétal (sans préjudice du nombre d'unités sous chaque entrée) et 6 pour le règne animal, à quoi il faut ajouter des égarés dans les
naturalia, encore que distinguer matière brute et travaillée soit parfois délicat.
Tant s'en faut que tous les objets aient été retrouvés, parce que la désignation était trop vague, surtout s'ils avaient perdu leur étiquette. Qu'imaginer par exemple d'un «[X] 15
Ajustemens en soie et or, des Dames du Japon, quand elles sortent.» ? A l'inverse, lorsque la filiation est connue, il n'est pas évident de faire correspondre à la désignation «[X] 16 5.
Morceaux d'amadou des hottentots proven.t d'une plante, imitant un bas.» un fragment de tissu tricoté, probablement en Italie, en byssus soyeux, mesurant à peine 30 cm2 et se trouvant de surcroît dans les collections du MHNat.
Pour le règne minéral (en particulier tout le domaine des armes), c'est-à-dire le matériel listé dans le registre manquant – Tome I –, le problème est encore plus difficile puisqu'il n'est possible de se fonder que sur les objets restés porteurs d'une étiquette. Les cotes permettent certes d'estimer le nombre de positions disponibles (pas le nombre de spécimens) mais on ignore à quelles divisions et à quoi elles correspondent.
En se fondant sur diverses listes établies jusqu'à la fin du XIXe siècle et en décomptant les entrées subséquentes connues, quelques objets potentiels ont pu être «récupérés».
Dans les deux cas, encore fallait-il souvent deviner ce qu'ils pouvaient être pour les retrouver éventuellement dans les fonds du MEN (sans être assuré qu'ils y soient parvenus ni qu'ils n'aient pas disparu au cours du temps) et découvrir leur véritable identité sous un involontaire maquillage...
Quelques énigmes (9) résolues
J'en arrive à l'intrigante pièce annoncée dans le titre, cette
«Divinité Indienne en bois d'Ebenne» (X 8 - II.C.377). D'une manière générale, il convient de se méfier de la qualification d'«indiennes» : à l'époque, il est courant de parler des Deux Indes, «Indes orientales» – «les Indes» incluant la Chine, l'Inde et les îles lointaines, puisque même les «naturels» de Hawaii pouvaient être appelés «Indiens» – et «Indes occidentales» (où sont parfois distingués les «Souvages Caraibes»).
J'ai donc cherché dans la dizaine de milliers d'items du MEN et plus particulièrement parmi les «orphelins» – mais j'avais tort –, une figure de taille inconnue probablement de couleur foncée. Rien dans les collections de l'Inde. Or, dans le manuscrit, le secrétaire avait commencé par écrire «ch», soit conjecturalement «ch[inoise]», puis s'était ravisé.
Rien non plus dans les collections d'Extrême-Orient. Il fallait par conséquent tenir compte de l'hésitation du scripteur et chercher quelque chose qui ne fût ni chinois ni indien ; fort heureusement, ce doute avait été conservé au cours du temps et, finalement, sous l'attribution incorrecte à un autre fournisseur, l'objet s'est révélé correspondre à une poignée de kĕris de Java ou Bali de 9,4 cm, d'après les spécialistes extrêmement rare et datant du XIVe ou du XVe siècle.
Dans un autre cas, je m'étais laissé entraîner par l'inscription:
«Panier dont les hottentots se servent pr. traire le Lait» ([X] 28 – III.C.3701) figurant dans les collections d'Afrique du sud.
La biographie du propriétaire rendait la détermination d'autant plus plausible que l'objet ressemblait au dessin peu précis (RUDNER 1957 : 21) d'un panier de même origine rapporté par Anders Sparrman.
L'examen du spécimen (RM 626) au Folkens Museum Etnografiska à Stockholm n'avait pas été concluant mais il fallut la correction orale de Christian F. Feest pour conduire à l'identification correcte: il s'agit en réalité d'une
vannerie caractéristique de la côte Nord-Ouest de l'Amérique du Nord dont on ne connaît semble-t-il qu'un exemplaire identique à Vienne (N° 57) provenant du 3e voyage de Cook.
En revanche, histoire de semer le trouble, le carquois de la collection Sparrman est, lui, exactement semblable à celui de la collection Charles Daniel de Meuron.
Un croisement d'étiquettes par le secrétaire entre un angklung javanais [X 21]
«Instrument de musique des indiens, / de l'Isle de / Java, en bois» et un xylophone chopi [X 22]
«Idem, des hottentots» révèle que Charles Daniel de Meuron n'a pas suivi l'enregistrement car il est douteux qu'il ait pu les confondre.
Des transferts ont aussi pu intervenir postérieurement. Ainsi un petit personnage se trouvant dans une «Pirogue Indienne» ([X] 26 – VI.185) – en réalité une maquette de kayak de l'Alaska –, entrant fort bien dans le trou d'homme et dont un conservateur du MEN avait remarqué autrefois qu'il avait «l'air indien», appartenait en réalité à une maquette de canot en écorce reçue du Canada par Charles Daniel de Meuron à la fin du siècle, maquette dont le contenu a pu être en grande partie reconstitué par l'étude des archives en en rassemblant les éléments éclatés
(10).
Reconnue grâce à une publication d'Adrienne KAEPPLER (1978 : 81-82), une
«pointe de Sagayes» égarée dans le carquois hottentot s'est révélée une rare baguette de tabou des îles Hawaii (95.1.15) que j'ai pu comparer avec un des 4 exemplaires de Vienne.
Je termine avec le
«pot où est Loiseau ibis» (Eg.203) que Charles Daniel de Meuron reçoit au Caire en 1795, emporte en Inde, laisse avec sa malle sur la côte occidentale, s'en inquiète, le récupère à Madras et le renvoie finalement à Londres ; la caisse, enfin parvenue à Neuchâtel, ayant subi des dégâts, il se soucie de cette momie comme d'une chose extrêmement précieuse, recommandant de conserver ce qui reste «à cause de son ancienneté» : c'est cet accident qui a permis de reconnaître cette pièce restée totalement anonyme dans les collections ainsi que le
pot chinois à gingembre qui l'accompagnait, cassé lui aussi mais dont le fragment le plus gros avait subsisté.
En résumant très grossièrement, sur une bonne centaine d'entrées – sans compter les spécimens multiples (flèches, p. ex.) –, outre une demi-douzaine d'items européens relatifs à l'histoire ou d'hypothétiques
scientifica, deux «objets» de Guyane ou des Antilles se détachent, et une demi-douzaine d'autres est attribuable à l'Afrique du sud.
Suivent une trentaine d'asiatiques, soit Inde, Sri Lanka, Java/Bali, Sumatra, Chine (éventuellement Japon).
Mais ce qui frappe est un riche ensemble des «Mers du sud» ainsi que de la côte nord-ouest de l'Amérique, jusqu'en Alaska.
Cette diversité pose de toute évidence la question de leur acquisition.
Les trucs du collectionneur
Il ne suffit malheureusement pas de déterminer d'où proviennent les différents objets pour savoir par quelles voies ils sont parvenu dans le cabinet de Charles Daniel de Meuron – et on a vu qu'une identification incorrecte pouvait conduire à une fausse piste –, d'autant que le registre ne fournit pas la moindre indication de ce type ; on voit du reste mal comment un secrétaire abandonné à lui-même aurait pu en retracer le parcours !
Charles Daniel de Meuron est un collectionneur compulsif et nul doute que dès son enfance il a en attrapé le virus, c'est une véritable passion
(11). Il suit en l'occurrence l'exemple de son père qui a recueilli des pétrifications et des fossiles dont la région est riche et pour lesquels on développe alors un intérêt prononcé.
Collectionner et créer des cabinets est aussi dans l'air du temps.
Pour un cadeau intéressé, jeune soldat, Charles Daniel de Meuron se tourne vers les coquillages dont c'est alors la mode, laquelle est changeante. Ce qui se vérifie lorsqu'il cherchera à obtenir des minéraux dont il pourrait tirer un bon parti – car il n'a pas oublié sa formation commerciale première
(12) et même la constitution plus tard de son Régiment sera une affaire susceptible de laisser d'importants bénéfices – mais le retard de livraison fait que l'occasion est manquée.
Dans ses archives privées et celles du Régiment se trouvent quelques mentions d'acquisitions de
naturalia – notamment des oiseaux, auprès d'un marchand spécialisé en France... – mais la plupart du temps les sources échappent et on est réduit à des suppositions.
Pour ce qui est des objets de Guyane, il est concevable que Charles Daniel de Meuron les ait collectés en 1758-59 alors qu'il était jeune officier de la marine royale française et rapportés des Antilles.
Les objets asiatiques circulaient, eux, en abondance mais certains en provenance du sous-continent indien lui sont parvenus, directement ou indirectement, par son frère cadet, après que le Régiment avait passé du Cap aux «Indes», ou ont été acquis plus tard lors de son voyage en Inde dès 1795 ; tous n'ont pas passé dans les fonds publics à cause de leur état et il en a gardé plusieurs qui représentaient pour lui des souvenirs personnels.
Sans doute Charles Daniel de Meuron a-t-il recueilli lui-même quelques spécimens sur place, en particulier lorsqu'il se trouvait en garnison au Cap mais, à l'inverse d'un Anders Sparrman, il n'est pas un collecteur «de terrain». Il s'est fait apporter ce qui l'intéressait
(13) et a reçu de ses subordonnés des cadeaux parfois habilement suscités. Il a pu aussi procéder à un rachat lors d'une vente aux enchères des biens d'un militaire défunt. Et surtout, surtout, il avait imaginé un biais pour satisfaire sa marotte: engager dans son Régiment des médecins – forcément naturalistes – mais qui avaient la mission secrète de collecter pour son cabinet.
À défaut de sources identifiées, certaines circonstances, révélées par des dépenses mentionnées dans les comptes, permettent de cerner des occasions d'acquisitions. Ainsi, un déboursé pour se rendre sur un bateau venu de l'orient qui mouille au Cap peut laisser supposer l'obtention d'artefacts indonésiens.
Bien des auteurs se sont fourvoyés en imaginant Charles Daniel de Meuron rapportant des quantités d'objets de ses nombreux voyages, ce qui était matériellement impossible sachant les limitations de l'espace sur les vaisseaux. Il a profité de chaque occasion pour rapatrier petit à petit ses acquisitions – encore fallait-il convaincre le commissionnaire et, surtout, ruser avec les douanes !
Quoi qu'il en soit, la constitution d'un ensemble de ce type n'est concevable que par l'existence d'un vaste réseau de relations, un «maillage» (BEAUREPAIRE 1998) comprenant non seulement des savants, des financiers mais aussi des amateurs de tout bord, ce qui se découvre dans la mesure où d'éventuels pourvoyeurs de Charles Daniel de Meuron peuvent être identifiés dans son carnet d'adresses. Ces réseaux, qui pouvaient s'étendre largement au-delà de l'Europe, pouvaient en recouper d'autres d'un ordre tout différent.
En ce qui concerne spécifiquement le matériel provenant des Mers du sud et de la côte NW de l'Amérique, tous les items correspondent au trajet du 3e voyage de Cook, à l'exception d'une maquette de bateau de la Terre de Feu recueillie probablement lors du 2e voyage. Il est à remarquer que toutes les pièces de Hawaii sont désignées comme venant de «Ota Iti», confusion qui a régné pendant un certain temps avec Tahiti.
Une fable voulait qu'ils aient été obtenus par échange avec des matelots de Cook relâchant au Cap. Or, même si des objets y sont effectivement restés, les navires avaient passé depuis 3 ans déjà. Il faut donc chercher ailleurs.
Encouragé et aidé par Adrienne L. Kaeppler
(14), j'ai repéré le nom estropié de George Humphrey dans le carnet d'adresses de Charles Daniel de Meuron. Or ce dernier s'est rendu secrètement à Londres en automne 1791, ce qui correspond précisément à la période déterminée pour la mise en œuvre de l'
Inventaire. Impossible de prouver quoi que ce soit mais le regroupement des provenances et le nombre de pièces – y compris la matière première des tapas – pour quelqu'un qui s'intéressait de manière privilégiée aux
naturalia suggère une acquisition en bloc.
Le passé recomposé
Difficile de savoir comment Charles Daniel de Meuron avait organisé dans sa maison la présentation de son cabinet, devenu un arrêt obligé du parcours des amateurs et «touristes» avant la lettre. C'est le côté dépaysement, divertissement, qui transparaît dans les souvenirs de la plus prolixe des visiteurs en 1790, Mme de Gauthier, à qui on permet de goûter le bétel. Autrement, les témoignages sont si insuffisants qu'il faut recourir à des dépouillements d'archives et ne pas négliger des relevés de dépenses.
Tardivement, il apparaît qu'en plus de vitrines il y avait des «layettes», c'est-à-dire des meubles pourvus de tiroirs et, par leur vente après la donation, que les armoires étaient fermées par des «glaces».
Cela ne suffit guère pour une reconstitution mais on peut s'inspirer du salon de la Grande Rochette – qui se situe dans la partie centrale du bâtiment ; la vitrine d'angle à l'est et celle à l'ouest ne sont pas sans rappeler celles des Franckesche Stiftungen à Halle (Saale).
La Salle Lafaille à La Rochelle montre que l'intérieur des vitrines pouvait être peint de manière plus élaborée.
Sans atteindre à la mise en scène archimboldesque de Halle, l'extérieur des armoires de la Grande Rochette avait été pareillement décoré – en plus modeste.
En m'inspirant de la muséographie d'Ambras, j'avais fait évoquer les débuts du MEN de la sorte, en respectant la division par règne :
Du dilettantisme à la science
Même si Charles Daniel de Meuron s'est efforcé à une certaine complétude – c'est ainsi que doit se comprendre le fait qu'à défaut de pouvoir exposer des spécimens grandeur nature, il peuple son cabinet d'animaux «factices en petit» –, aucune intention ne transparaît dans la succession des «objets», nulle ligne directrice ne semblant présider à leur choix. Pour autant, il ne s'agit pas d'un amas gratuit ou seulement piquant.
Si l'appellation de «cabinets de curiosités» fait toujours florès, qu'il s'en crée actuellement de tout nouveaux (DAVENNE 2011) et qu'il est même possible de s'en bricoler artificiellement aujourd'hui (GARRAULT 2011), malgré la présence de bizarrerie encore de mode en cette seconde moitié du XVIIIe siècle, spécimens tératologiques et monstruosités (l'
Encyclopédie consacre un article aux Aberrations de la Nature), le cabinet de Charles Daniel de Meuron n'est ni un cabinet de curiosités (au pluriel), ni un cabinet de curiosité (au singulier) mais un projet à la désignation explicite :
«Cabinet d'histoire naturelle», dont la vocation est nettement la connaissance
(15).
Certes, il est pour lui un divertissement, ainsi en hiver 1788-89,
«mon Cabinet m'eut un peu distrait [...] mais il glaçait», puis en 1792 lorsqu'une mauvaise fracture l'a immobilisé chez lui. Mais Charles Daniel de Meuron a vécu plusieurs années dans le milieu parisien, fréquentant les cercles scientifiques et en a été marqué. Cette préoccupation transparaît lorsque, avec maladresse et incompétence, il cherche à mériter son statut de membre correspondant de la
Gesellschaft Naturforschender Freunde [société des scrutateurs de la nature] de Berlin, laissant notamment un blanc pour un nom latin qu'il ignore.
L'intention didactique est confirmée par l'acte de donation de Charles Daniel de Meuron qui y met pour seules conditions l'établissement d'un tronc pour les pauvres et le souhait que soit promu un enseignement de
«la Phisique & la Chemie objets plus utiles a l'education [...]».
Manifestement, une collection comporte enfin une dimension sociale
(16). Entiché d'honneurs – vains pour sa famille – et de distinctions comme il l'était, Charles Daniel de Meuron ne pouvait manquer de développer son cabinet comme un fleuron supplémentaire à sa gloire, à l'image de sa bibliothèque. Autant que ses «exploits» militaires, c'est une des choses qui fait parler de lui et qui attire des visiteurs. Bien avant la Révolution qui en établit le principe, les fonds privés s'ouvraient en effet au public, non pas général mais non plus limité à une élite. Ce qui en maintiendra le souvenir.
Trompe la mort ?
S'il fut blessé lors d'affrontements aux Antilles, Charles Daniel de Meuron ne semble pas avoir couru par la suite des risques vitaux. Or, on le sait, la collection est un défi contre la mort ; mais le comportement de Charles Daniel de Meuron va bien au-delà. Fasciné par le temps, temps passé – d'où son intérêt pour les fouilles archéologiques – et temps à venir, il multiplie les démarches conduisant à perpétuer sa mémoire, tout en étant conscient de leur vanité, et à préserver le fruit de ses efforts, d'où l'abandon de son cabinet au public mais aussi l'offre d'une cloche avec inscription ou la construction d'un pont – qui ne franchit plus aujourd'hui qu'un bras mort – dans son village natal.
Que peuvent encore nous dire actuellement ces
artificialia ? En réfléchissant au matériel ainsi préservé, j'observe que non seulement ces objets sont relativement bien situés dans le temps mais encore, en ce qui concerne Hawaii, que ce sont des objets pré-contact constituant par conséquent des références et susceptibles d'analyses comparatives. Pour les tapas spécifiquement, le nombre de pièces ayant certainement été limité et très peu étant parvenus intacts, découpées en de multiples échantillons dispersés à travers le monde, toute une recherche s'ouvre pour tenter de retracer leurs cheminements...
Au terme de cette plongée dans le passé, je reste fasciné par la floraison d'inventions encore souvent gratuites de ce XVIIIe siècle, rare moment de l'histoire humaine où l'on eut l'illusion de dominer le monde par la puissance de l'esprit, ce qu'illustre en particulier le projet des cabinets scientifiques.
Notes
(1) Des rassemblements insolites et anachroniques d'objets se rencontrent depuis des temps immémoriaux, à suivre Michel Egloff (1982 : 185), ancien directeur du Musée cantonal d'archéologie : «En 1972, lors des fouilles entreprises à Auvernier sur un village du début du 8e siècle avant J.-C. (âge du Bronze final), fut découverte «la première collection neuchâteloise» consistant en cinq fossiles du Jura (deux huîtres, un fragment de nautile et deux gastéropodes), ainsi que deux haches de pierre polie vieilles d'un millénaire au moins lorsqu'elles avaient été ramassées à l'emplacement d'une agglomération détruite.»
(2) Comme la collection du futur pasteur Stadler, élève de Louis Bourguet (Léchot 2012) – que mentionne Andreæ (1776) d'après une source inconnue – ou celle d'un amateur moudonnois venu à Môtiers, où, le 17 septembre 1754, Béat de Hennezel (Boy de la Tour 1912 : 186-187) fait «connoissance avec un nommé Léautier de Moudon, [...], parce que je lui avois dit qu'un des mobiles de cette course étoit d'aller a la decouverte des petrifications que fournissent ces contrées.»
(3) Il y a lieu de supposer qu'une première liste a été dressée avant que les ouvrages ne soient enregistrés sous dictée, ventilés – non sans quelques fantaisies – dans l'une ou l'autre des 8 sections. Un ouvrage sur des tours de passe-passe,
La Magie blanche dévoilée, figure ainsi dans les sciences. Il apparaît que l'enregistrement a été effectué au moins en deux temps puisque 6 titres ont visiblement été rajoutés.
(4) L'intervalle correspond à l'engagement de M. Maugard qui, succédant à M. Jacques Mauris, fut au service de Charles Daniel de Meuron entre octobre 1790 et fin février 1793 ainsi que le confirment les comptes, et partit parce qu'il «n'entendoit rien à la Comptabilité», selon la critique formulée par Théodore Abram, frère puiné de Charles Daniel de Meuron.
(5) Comment ne pas s'étonner de l'absence de tout ouvrage littéraire ou historique ou dans d'autres domaines qui semblaient intéresser Charles Daniel de Meuron, tels que l'art militaire, le commerce, l'équitation, les échecs...
(6) Un tel système est une initiative révélatrice de la tentative d'ordonnancement du monde à l'époque des Lumières par nécessité due à l'abondance du matériel accumulé (voir l'article «Numérotation», Lafont 2012 : 162-169). Cette volonté de cataloguer les connaissances, de les classer, suscitera par la suite la création de musées.
(7) Les coquilles sont ainsi réparties en 28 familles offrant de fortes ressemblances avec l'ancienne classification de DEZALLIER D'ARGENVILLE (1780) avant l'intervention des de Favanne.
(8) Les
ethnographica ne représentent au mieux que des accidents (ainsi que le montre leur place dans l'enregistrement), de toute façon considérés au XVIIIe siècle comme «unimportant appendages to the great collections of specimens of natural history [...] Often these were only curious mementos of their voyages», pour reprendre la formule d'Adrienne KAEPPLER (1978 : 1 et 37), ce que traduit manifestement leur valeur marchande généralement moindre (voir les offres de Forster). L'étude des
naturalia, autrement complexe, outrepassait nos possibilités.
(9) À l'instar des livres, les œuvres exotiques ont souvent représenté des énigmes ou ont été ignorées en raison d'une désignation incorrecte. Ainsi un masque africain de Casamance du XVIIIe siècle, actuellement au quai Branly (71.43.33.38) et longtemps présenté comme «masque de Louisiane», n'a-t-il été reconnu qu'en 1934 (BASSANI 2000 : 77-78; MARK 2007). De même, «Les œuvres afro-portugaises [en ivoire] du musée des beaux-arts de Dijon font partie de ces trésors oubliés dans les réserves de musées: elles n'ont été identifiées qu'en 2006. Il y avait là une boîte à couvercle que les anciens catalogues considéraient comme un "ancien travail oriental" et quatre cuillers à manche sculpté considérées comme venant d'Inde ou de Chine.» (BRETON 2013 : 38-39)
(10) Au contraire d'autres objets, les parcours de cette
«Canotée de petits Sauvages» peut être suivi de bout en bout.
(11) «ayant toujours La maladie de L'histoire naturelle, je ramasse continuellement.», écrira-t-il.
(12) Se rendant compte que le surplus d'un cabinet peut se négocier avantageusement, il enjoignait à son frère : «ramassés moy donc tous ce que vous pouvés est en Quantite».
(13) À son second passage au Cap, Charles Daniel de Meuron a fait plusieurs démarches pour obtenir un minéral qui lui manquait.
(14) Elle m'écrivait avec une retenue toute scientifique
«How exciting you have found what appears to be a new Cook voyage collection» et me poussait à rechercher le nom d'un célèbre marchand londonien.
(15) Au demeurant, comme l'exprime un catalogue tout récent, première étape de la connaissance,
«les cabinets de curiosités ont constitué, à leur façon, une réalité préscientifique» (Marrache-Gouraud 2013 : 10).
(16) En analysant les récits de voyages, souvent sous la forme fictive d'une correspondance adressée à une dame, il se découvre que, dans plusieurs cas, le fil rouge du parcours est représenté par la visite de cabinets et de bibliothèques, prémisses d'un tourisme culturel qui n'en porte pas encore le nom.
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Crédit photos
Les photos sont d'Alain Germond - MEN, Neuchâtel, de l'auteur ou reprises des publications listées en bibliographie.