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Collectiana en visite au Plasticarium

Bruxelles, le samedi 26 avril 2014

Une visite enthousiasmante, très chouette, originale, tels furent les commentaires du groupe de visiteurs, emballés par les explications du plasticien Philippe Decelle et par la diversité des objets qu’ils ont découverts dans son antre, qu’il s’agisse de son atelier ou des trois étages d’une maison vouée au « tout en plastique ».

Tintin
Philippe Decelle

Philippe Decelle est un ingénieur civil en construction, et cela se ressent dans la manière dont il présente ses propres œuvres imprégnées de mathématiques, certaines d’entre elles basées sur des factorielles.
Cela se ressent tout autant dans l’enthousiasme qu’il met à évoquer les potentialités énormes des imprimantes 3 D.
Et encore quand il montre les divers coins tout en plastique que constituent le dressing-room, le living, la salle de jeu, la chambre à coucher et même l’isoloir pop. Il y en a pour tous les goûts et de toutes les couleurs, pour les amateurs de flashy comme pour ceux des teintes plus délicates voire délavées, pour les amateurs de techniques – ainsi en est-il d’une sous-collection de téléviseurs particulièrement représentatifs d’une époque – comme pour ceux des œuvres d’artistes, de Tony Cragg à Vasarely en passant par la belge Evelyn Axell.

Tintin
Philippe Decelle et Axel Gryspeerdt

Non que la plupart des objets présentés soient en eux-mêmes beaux. Ils sont surtout de nature sociologique, à savoir qu’ils reflètent avant tout les goûts – plutôt surprenants avec recul - d’une génération de consommateurs découvrant les prouesses, les joies et l’hygiène du plastique. Même s’il y a là-dedans des merveilles d’ingéniosité et des œuvres d’art, ce que cette génération aura admiré et acheté souvent à grands prix, entre 1960 et 1973, sera, en majorité, rejeté quelques années plus tard et se trouvera exposé dans les brocantes, sinon délaissé sur les trottoirs.

C’est toute l’histoire des créateurs et des fabricants mais aussi des utilisateurs que Philippe Decelle raconte, décortique et sur laquelle il cherche à nous déconcerter à partir d’un humour caustique parfois ravageur. Car il est loin d’avoir un discours tendre sur les productions, sur leurs égéries, ou encore sur ceux qui sont tombés dans les rets des vendeurs de l’époque.
Son esprit de mathématicien calcule les espaces disponibles, les facilités de rangements, classe les objets selon leurs affinités, leurs taxonomies propres, les range selon les sous-époques, chaque étage correspondant à des strates d’objets. En quelque manière, il opère un travail d’archéologue de la période moderne, délivrant un message tout à la fois angoissé – comment est-ce possible ! – optimiste – que n’a-t-on pas inventé, imaginé pour satisfaire des attentes difficiles à satisfaire et à surprendre ! – et prospectif – qu’en sera-t-il de la société de demain ?

Tintin
Plasticarium

La démarche artistique de ce « passionné écoeuré » explique le « détachement feint » dont il fait preuve devant l’amoncellement des bizarreries permises par le mélange du design avec l’univers marchand. Elle ne l’approuve pas. Elle l’explique et ... elle le sauvegarde en tant que témoignages d’une époque.

Les différentes photos (réalisées par Jörg Pelzer) rendent compte de sa « moue » explicative face aux objets à chaque fois recontextualisés par lui.

C’est à cet ensemble de re/découvertes que les visiteurs du 26 avril firent référence dans leurs nombreux – et élogieux – commentaires. Il est vrai que pour la plupart d’entre eux, leur passé – et leurs souvenirs – étaient en jeu.

Tintin
Philippe Decelle


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Philippe Decelle


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