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Histoires littéraires

Fondée il y a vingt ans par Jacques Lefrère, Jean-Didier Wagneur et Michel Pierssens, trois amoureux d'une discipline alors donnée pour moribonde mais aujourd'hui plus vivante que jamais, la revue Histoires littéraires entame aujourd'hui, avec son numéro 80 (2019), une nouvelle période, sans pour autant renoncer à ce qui a toujours fait la force de cette publication, que certains nomment la plus clandestine des grandes revues sur la vie littéraire.

En voici le programme : « En affirmant son pluriel, Histoires littéraires veut afficher ses ambitions : apporter des connaissances documentaires nouvelles sur la littérature des deux derniers siècles, ses sommets comme ses acteurs plus modestes ; contribuer à définir et raffiner les outils indispensables à cette entreprise ; réfléchir sur les fondements et les conséquences de ces choix ; se faire l'intermédiaire entre ceux qui y travaillent – professionnels de la recherche, érudits indépendants, collectionneurs ou curieux. »

Vingt ans après, la première équipe accueille trois nouveaux membres : Jean-Paul Goujon, Muriel Louâpre, et David Martens (une des chevilles ouvrières de Rimell, acronyme de « Recherches interdisciplinaires sur la muséographie et l'exposition de la littérature et du livre »:
http://www.litteraturesmodesdemploi.org/presentation-2/).
La revue s'élargit donc, mais sans renier ses ambitions, ni sa formule. Elle maintient l'éventail de ses rubriques, dont plusieurs concernent directement le monde des collections et des collectionneurs le dernier numéro comporte par exemple un excellent article sur la collection « Qui êtes-vous », animée de 1985 à 1990 au sein des éditions La Manufacture, tout en accordant un très grand soin à la qualité des textes comme à celle de son exécution, grâce à sa collaboration avec les éditions du Lérot.

Voici donc une publication sur la collection (entre autres choses bien entendu), qui donne envie de collectionner. Non seulement parce que l'objet lui-même mérite d'être gardé, de préférence à portée de la main (Histoires littéraires est un outil de travail, non un objet de bibliophilie), mais aussi et surtout parce que la manière dont la revue parle du plaisir de l'érudition est contagieuse.

Voyons par exemple la « chronique des ventes et des catalogues », rubrique tenue par Jean-Paul Goujon, véritable caverne d'Ali Baba qui chaque trimestre fait profiter les lecteurs d'Histoires littéraires des petites merveilles offertes pour des milliers d'euros par les libraires spécialisés. Or ces bijoux ne sont pas que des documents. Autant que des objets tangibles et monnayables (mais n'oublions pas qu'il existe aussi le don, toujours préférable au vol), ce sont des récits, des anecdotes, des rêves, des histoires, bref une vie entière, voire des vies au pluriel, qui se déploient autour de ce qui à première vue ne sont que des entrées dans des catalogues de vente. Histoires littéraires reconstruit l'âme de ces pièces de collection, permettant à tous de jouir des trésors qui paraissent réservés à de rares amateurs.

Site web de référence: https://histoires-litteraires.fr

Jan Baetens, mai 2020

Histoires littéraires


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