Collectiana a organisé une visite de cette remarquable collection privée le 8 février 2020.
Une collection discrète
Immersion peu banale des amateurs de Collectiana, ce 8 février 2020, dans l’univers érotique et mythologique de la collection bruxelloise du Dr Guy Martens, toujours heureux de nommer et de présenter chacun des 650 objets scénographiés dans des vitrines adaptées à leur matière (que l’on pense à la fragilité de l’ivoire), à leur dimension et à leur origine géographique, voire à l’époque de leur production.
Que de collections dans la collection : à croire que le thème soit totalement universel, pluri-temporel et source d’inspirations des plus fécondes !
Voici donc un médecin qui s’est formé en histoire de l’art et qui par le biais de sa volumineuse collection est devenu un spécialiste féru en art érotique.
Confort de visite idéal oblige : les amateurs réunis par Collectiana sont scindés en deux groupes, l’un sous la houlette du collectionneur, l’autre de la directrice de la collection, Martine Fiévé. Il y a lieu en effet de ne pas s’agglutiner devant les vitrines et devant les objets parfois minuscules – pourvus pour certains d’une loupe – et de ne pas rater les commentaires.
Au gré de la visite, on apprend beaucoup sur les netsukés – dès ses 17 ans le Dr Martens débuta par une collection de netsukés érotiques –, sur la différence entre les productions chinoises et japonaises (surtout en ce qui concerne les faïences), sur la vitalité des artistes africains, sur l’art de graver sur des dents de mammouths ou de morses ou encore sur des cornes de rhinocéros, sur la date de certaines statuettes – plusieurs centaines d’années avant J.C. pour les plus anciennes –, sur les objets destinés aux prostituées (à eux seuls dignes d’une collection particulière, bien qu’ils soient disséminés dans diverses vitrines), sur certaines scènes mythologiques, sur les productions de Dali (lithos, bronzes,.. ), de Félicien Rops, de James Ensor, d’André Masson...
Il y a des objets qui voilent et qui dévoilent, qui accouplent et qui séparent, qui séduisent – notamment par leur finesse d’exécution – ou qui rebutent, qui attirent ou qui laissent indifférents, qui mythologisent ou qui ethnologisent, qui montrent le derrière, le devant, le côté...
Que de belles découvertes ! Un effet d’étourdissement devant cette riche pluralité peut facilement s’en suivre, collectionner autour de ce seul thème semblant une démarche infinie et incessante, bien illustrée par le Dr Martens.
S’en suivent un échange de propos et une récolte de renseignements complémentaires lors du verre de l’amitié, qui a suivi la visite : sur la mutation de la collection privée en musée (inauguré, de manière symbolique, un 14 février), sur l’importante présence des artistes féminines notamment lors des expos temporaires, sur la combinaison entre la médecine et l’histoire de l’art, sur les propriétaires précédents d’objets exposés, tels Félix Labisse, Alain Delon et Jean Marais, sur la publication en cours d’un nouveau catalogue (l’actuel étant épuisé)...
Une belle matinée de plongée artistique, bien enrichissante et enthousiasmante.
Axel Gryspeerdt