Emmanuel Pierrat (Nogent-sur-Marne, 1968 - vit à Paris),
du droit à l’étude des collectionneurs.
Se spécialiser en art africain et en curiosa
Tout est affaire de contexte. Prenez le mot « maître », il peut prendre une dizaine de sens différents, mais quand un éditeur accole la vignette de quatre avocats en toges sur la couverture d’un ouvrage intitulé
Maître de soi (Fayard, Paris, 2010), le lecteur pressent sans difficulté qu’il se trouve en présence d’un ouvrage qui donne une place prédominante au Droit.
Auteur d’une importante série d’essais et d’une dizaine de romans, Emmanuel Pierrat est avant tout un avocat spécialisé dans les droits intellectuels et un grand militant pour la liberté d’expression.
Son livre consacré à
La guerre des copyrights est en France un des premiers ouvrages faisant le tour de la question des divers droits d’auteurs et droits voisins, du droit à l’image et du droit à la culture. Ainsi qu’il l’écrit dans l’avant-propos, «
le combat (en question) met aux prises droit du consommateur / internaute et droit des créateurs, ou, plus sûrement, de leurs "employeurs" que sont les entreprises industrielles, les agences d'images, les producteurs et autres éditeurs » (La guerre des copyrights, Fayard, Paris, 2006).
Dans ce contexte, il est un farouche adversaire de toute forme de censure et quelques-uns de ses livres récents ont fait autorité dans le domaine, notamment
Le livre noir de la censure (Seuil, Paris, 2008), ses chroniques de
100 livres censurés (Éd. du Chêne, Paris, 2010), ou encore son ouvrage intitulé
Accusés Baudelaire, Flaubert, levez-vous ! Napoléon III censure les lettres ! (Éd. André Versaille, Paris, 2010) et tout récemment
Cent œuvres d’art censurées (Éd. du Chêne, Paris, 2012).
S’étonnera-t-on dès lors qu’il se soit constitué une énorme documentation sur l’ensemble des livres censurés, quel qu’en soit le genre : politique, religieux, scientifique, mais aussi érotique et licencieux.
Cet homme super-occupé, avocat, romancier, consultant, formateur, chroniqueur, essayiste, directeur d’une maison d’édition et de collections de livres, a trouvé le temps de se constituer un merveilleux enfer de livres sulfureux de tout type et de publier des pages pour le moins osées.
De plus, un séjour en Afrique l’amène à se passionner pour l’art africain, au point d’être aujourd’hui à la tête d’un millier de pièces d’art primitif.
Les collections insolites le frappent. Il adore parcourir ce qu’il appelle
Les nouveaux cabinets de curiosité (Éd. Les Beaux Jours, Paris, 2011) dans lesquels, sur base du respect de leur anonymat, une série de collectionneurs d’étrangetés l’introduisent à la découverte de leurs fameux « fatras ».
Ces derniers sont en général composés d’objets hétéroclites, même si parmi eux, on peut trouver tantôt un passionné de chaussures de bébés, bronzées par électrolyse, tantôt un fan d’animaux naturalisés, tantôt un admirateur de portraits politiques ou encore des amateurs fous, comme lui, de
curiosa.
Vous l’ai-je dit, il est aussi un incorrigible lecteur et, sur les sujets de sa prédilection, il a lu l’essentiel des publications, dossiers, encyclopédies, catalogues, livres de fiction et de documentation.
Mieux, il s’est mis à écrire lui-même des livres érudits, ce qui constitue la manière la plus directe de s’informer et d’apprendre. Son merveilleux
Comprendre l’art africain (Le Chêne, Paris, 2008), qui fourmille en annotations anthropologiques, trouve son origine dans les objets qu’il collectionne.
Assoiffé ainsi de collectionnisme, ce bibliophile érudit a publié aux éditions Le Passage – au nom particulièrement prédestiné – un livre entièrement consacré à la collection comme contexte et mode de vie, sous le titre interpellant de
La collectionnite (Éd. le Passage, Paris, 2011).