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L'univers de la mémoire selon João Carlos Nunes Abreu (Funchal, 1935 – vit à Madère)

João Carlos Abreu 2016 Se constituer un océan de mémoire

La facture est intéressante et les coloris attirent les regards. Le portrait est, je pense, réalisé par le peintre surréaliste originaire des Grandes Canaries, José Damaso Trujillo, dit Pepe Damaso. Il y a quelque chose de chiricien dans la composition en verticalité, selon trois parties distinctes. Au centre, figure João Carlos Abreu, face tournée vers le spectateur. Il arbore une grande cravate rouge sur laquelle le lithographe a dessiné une tête de cheval. L'artiste a ainsi uni les deux principales collections de l'amoureux de tant d'objets. Au gouvernement régional de Madère, João Carlos Abreu a en effet fait don d'un millier de cravates, la moitié du nombre de celles qu'il avait accumulées, et de près de six cents représentations de chevaux de tous types, de toutes origines, de toutes époques. De nombreuses pièces sont impressionnantes, notamment un grand animal en bois sur roues venant d'Inde. Le plus ancien des chevaux de la collection daterait du XVe siècle ; il est attribué à la dynastie Ming.


Mais Abreu possédait aussi des canards, au nombre de 180 et des petites cuillers à café en argent, au nombre de 130. Ainsi que 900 pièces de porcelaine et 10.000 livres, 41 masques et 101 marionnettes asiatiques, 8 œufs d'autruche, 8 samovars, 81 candélabres, 65 cafetières et 25 chapeaux. Parmi le reste d'une quarantaine de collections : des bouddhas, des horloges de poche, des cannes de marche, des machines à cafés, des boîtes pour comprimés. Une liste susceptible de donner le vertige à Umberto Eco. Qu'il faudrait encore compléter notamment par les tableaux, dessins, lithographies et illustrations diverses accumulées durant une vie de travail. Un vrai tournis de collections.

Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu

Visiblement, le bougre passionné ne jetait rien : il a même conservé ses divers passeports et cartes de presse.

La salle des cravates est un véritable océan chatoyant présentant du sol au plafond et sur l'ensemble des murs, des avalanches de cravates bien disposées dont les coloris et les matières attirent les regards ; parmi elles, laquelle privilégier : celle composée de centaines de plumes ? Celle en bois articulée ?

Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu

La force de João Carlos Nunes Abreu est d'avoir réuni des objets provenant d'une soixantaine de pays, car ce poète, ce journaliste, cet animateur touristique, ce chargé de relations publiques et responsable de services de presse – notamment au Vatican – fut avant tout un grand voyageur, toujours à la découverte de parcelles nouvelles de la terre, d'où ramener des « souvenirs ». Ce que ses activités de secrétaire régional au tourisme et à la culture pendant 23 ans – jusqu'en 2007 – ont encore contribué à encourager, même s'il s'est souvent arrêté pour écrire des centaines de chroniques, des nouvelles et des poésies, pour jouer la comédie théâtrale ou encore pour exercer des activités politiques.

CriaPOESIA 2016
CriaPOESIA 2016

Abreu incarne cette espèce de collectionneur « chasseur », qui au gré de voyages ramène intentionnellement tel ou tel objet dans le but de compléter des ensembles thématiques déjà impressionnants. Mais le tout est mâtiné d'une once d'acheteur « compulsif », car il déclare ramener de ses voyages «tout ce qu'il aime et tout ce qu'il peut acheter».

João Carlos Abreu
João Carlos Abreu

Selon ses propres déclarations, le principal mobile à ses diverses passions réside dans son origine insulaire, l'île lui apparaissant comme un grand univers largement ouvert sur les hommes du monde entier. Cette notion d'univers a été valorisée par la Région autonome de Madère à laquelle il a fait don de ses principales collections, réunies depuis 2002 dans le Centre civique et culturel de Santa Clara, dans un palais de trois étages, avec chapelle privée intégrée, datant du XIXe siècle, bâti par Francisco Simäo dans un endroit de rêve qui donne sur la baie de Funchal. La dénomination retenue pour désigner cet endroit, évocateur de l'œuvre de ce collectionneur fébrile n'est-elle pas en effet « Universo de Memórias » - « l'Univers des Mémoires » !

De Pepe Damaso ou de João Carlos Abreu, lequel des deux est finalement le créateur le plus surréaliste ? Lequel d'entre eux est le plus rêveur ? Et lequel est celui qui se voue le plus à imaginer des quêtes spirituelles ?

Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu
Universo de Memórias João Carlos Abreu


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