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L’étrange atelier de Pierre-Yves Renkin (Bruxelles, 1960 – vit dans la région de Namur).

Pierre-Yves Renkin (photo Ch Lancel)
Le Dodo, espèce disparue
Ils sont de plus en plus nombreux, les collectionneurs dont les œuvres collectées interrogent le principe même de la collection. Parmi eux, Pierre-Yves Renkin présente d’intéressantes perspectives en mêlant des objets naturels, tantôt réels, tantôt fantastiques, voire fantasmés. Composés par lui ou collectés à travers le monde.

Sa collection constitue un hétéroclite cabinet de curiosité contemporain, qui fait amplement place aux bizarreries de toutes les sortes. S’y trouvent pêle-mêle exposés des oiseaux recomposés (sa première grande passion), des champignons colorés et des fleurs en bois, des mini et des maxi-sculptures de mammifères, des squelettes de serpents, mais également des crânes humains sculptés venant de Bornéo, des orchestres de grenouilles minutieusement élaborés au XIXe siècle et attribués à Arthur Eloffe, des globes oculaires destinés aux grands blessés de la Première Guerre mondiale, des mannequins anatomiques et des appareils optiques vieux de deux siècles.
Si le terme n’était pas brocardé, on pourrait dire que son atelier tient de la caverne d’Ali Baba.
Au départ, il s’agissait de garder une trace fidèle des animaux en perdition (ceux qui sont en train de mourir ou que le chasseur vient d’abattre) ou en disparition (les races qui sont en train de s’éteindre).
Aujourd’hui, c’est tout un passé qu’il semble chercher à sauver : la mémoire même de ceux qui s’étonnent devant le monde et ses micro-merveilles.

Pierre-Yves Renkin est-il un sculpteur animalier, rejoignant en cela la nouvelle cohorte des contemporains, fascinés par le monde étrange des animaux ? Un simple empailleur, ayant commencé sa carrière à 19 ans au Musée des Sciences naturelles de Bruxelles ? Un taxidermiste de talent, connu de par le monde, tantôt conseiller d’un cheik au Qatar, tantôt responsable d’atelier à Bruxelles ou encore fournisseur d’agences de publicité internationales, récoltant du matériel dans le monde entier ? Un amateur fou, habité par la passion de collectionner d’étranges objets glanés çà et là, qui le fascinent et l’émerveillent par leur technique, leur ingéniosité ou leur texture ? Un grand fouineur, consultant partout et recueillant des centaines d’informations sur les animaux, sur leurs squelettes et sur leurs représentations dans l’art ? Une personnalité hybride, à l’image des objets accumulés ?

Pierre-Yves Renkin Dodo
Assemblant divers éléments récoltés, le dodo qu’il a reconstitué de ses propres mains en 2008 fut présenté au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris. Vu l’étrangeté de l’animal, aujourd’hui disparu de l’île Maurice, et le mythe qui y est lié, les regards du visiteur sont attirés par cette curieuse poule, ou plus exactement par ce saugrenu pigeon, et on peut se demander si le modèle du poussin dodo qui lui correspond n’est pas plus émouvant encore.

La joie d’apprécier ces diverses créations, qui sortent de l’ordinaire, se mêle à celle de déambuler parmi ces curiosités, qui semblent ressusciter le passé et matérialiser le produit d’une imagination débridée. Certes, les objets acquis servent souvent de modèles à Pierre-Yves Renkin pour parfaire son travail. Ne constituent-ils pas surtout un ensemble susceptible de lancer des défis portant sur le sens à y voir, sur l’interprétation à leur conférer ?

Lien : « Le monde de Pierre-Yves Renkin », reportage vidéo sur YouTube.

Pierre-Yves Renkin crânes
Pierre-Yves Renkin globes
Pierre-Yves Renkin grenouilles
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