François Sommer (Mouzon, Ardennes, 1904 - Paris 1973)
et Jacqueline Sommer (1913-1993) de la passion de la chasse aux actions de lobbying
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Musée de la Chasse et de la Nature |
Une curiosité singulière pour la chasse
Le lieu est surprenant, tant par son contenant que par son contenu. Rénové en 2007 et situé dans le quartier du Marais, à Paris, le
musée de la Chasse et de la Nature s'abrite dans une sorte de château Renaissance, constitué par l'hôtel de Mongelas (XVIIIe siècle) relié à un superbe spécimen d'hôtel particulier du XVIIe siècle bâti par François Mansart, l'hôtel de Guénégaud.
Deux grands industriels, François et Jacqueline Sommer, y ont entassé ou plus exactement scénographié – tant la mise en scène est prenante – toutes sortes d'objets, de peintures, de sculptures, de documents, d'archives et même d'installations.
Il convient à cet égard de s'arrêter longuement devant la reconstitution de la cabane d'où François Sommer observait les animaux qui composaient son terrain de chasse.
L'art et la science, la nature et la littérature, les œuvres anciennes et les œuvres contemporaines, tout y est présent, s'entremêle et permet maintes découvertes. Le visiteur est tour à tour observateur, guetteur, pisteur, chasseur, attentif au moindre tressaillement, au moindre raidissement et au moindre soubresaut de l'animal. Qu'il s'agisse de cerfs, de sangliers ou encore de lièvres, de perdrix ou de loups, voire de serpents ou même de licornes.
Une place non négligeable est faite aux contes et aux mythes, aux armes et aux leurres. Sont ainsi donnés à voir des trophées, de la vaisselle, des meubles, des appeaux, des cannes, des filets. Des dispositifs entiers sont consacrés aux adjuvants du chasseur, qu'il s'agisse de matériel (appâts, pipeaux, cors et sifflets, piques et autres armes) ou d'animaux, chiens, chevaux, faucons (à ne pas rater non plus la chatoyante collection de bonnets de faucons).
Cet invraisemblable et fascinant ensemble d'objets est soigneusement rangé, étiqueté, muni d'argumentaires explicatifs. Des artistes contemporains sont régulièrement invités à investir l'espace des divers salons.
Si l'agencement ainsi longuement élaboré et présenté selon les techniques muséales les plus récentes ne transportait pas un discours idéologique puissant – la place faite à la critique de l'idéal du chasseur est réduite, sinon inexistante – , le plaisir d'entrer dans les arcanes complets d'une collection serait total. Il se fait qu'ici, comme dans d'autres collections guerrières ou identitaires, toute l'œuvre réunie sert à véhiculer un message.
Pas étonnant que le musée abrite également une société de chasseurs. La même logique a amené les créateurs de la fondation de la maison de la chasse et de la nature à y placer un très riche fonds documentaire, consacré à la cynégétique, à la vènerie et à sa musique, au braconnage, à l'histoire de l'art animalier, ainsi qu'à celle des techniques et des armes de chasse.
Ce fonds comporte plus de 4000 ouvrages et documents sur les thèmes privilégiés par la fondation.
Faut-il ajouter qu'en plus de l'ensemble des facilités interprétatives mises à disposition des visiteurs, ceux-ci, étant donné la disposition des salons et des cabinets, se sentent accueillis dans l'atmosphère intime d'une maison particulière de collectionneur ?
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La cabane Sommer (création Mark Dion, 2006) |