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José Manuel Rodrigues Berardo (Madère, 1944 – vit à Lisbonne et à Madère),
à la mesure de Calouste Gulbenkian (Scutari 1869 – Lisbonne 1955)
José Berardo
Partager ses multiples passions
Encore assez discret malgré sa taille, car peu connu et peu fréquenté, le grand jardin des mille bouddhas se trouve situé à quelque 120 kilomètres au nord de Lisbonne. La localité s’appelle Bombarral. La ville la plus proche a pour nom Caldas da Rainha – Thermes de la Reine – et la Quinta dos Loridos de Bombaral vend des vins régionaux.
C’est là que José Berardo a décidé dès 2008 de fixer une part de son aventure spirituelle et de faire venir d’Asie des bouddhas sculptés par centaines, ainsi que 700 soldats chinois en terre cuite peints à la main, d’une armée à la mesure de celle de Xi’an, et des mâts et portiques divers.

Depuis 2010, la « collection Berardo » s’est encore enrichie d’un nouveau lieu spectaculaire.
A l’image des expositions d’art contemporain organisées dans les crayères du Domaine Pommery à Reims, le « mécène » portugais a constitué en sous-sol des bâtiments de la société vinicole Aliança un espace muséal présentant aux voisins et aux visiteurs, dégustateurs des vins, sept de ses collections : les fossiles et les minéraux, les bois sculptés contemporains du Zimbabwe, les azulejos et les céramiques de Caldas da Rainha, sans oublier la section archéologique et une partie consacrée à l’ethnographie africaine.

Mais Bombarral et Sangalhos ne sont que des « broutilles » ou « du divertissement » à côté des trois lieux d’exposition phares du milliardaire natif de Madère.

Surtout, il y a la collection d’art moderne et contemporain à Belem, près de Lisbonne, qui compte un millier d’œuvres marquantes des XXe et XXIe siècles, par exemple de Pablo Picasso, d’Andy Warhol, de Henry Moore, de Piet Mondrian, de Jackson Pollock, de José Botero, de Roy Lichtenstein, d’Albert Gleiser, de Jef Koons, sans compter les jeunes artistes contemporains. Le tout est exposé avec une extrême sensibilité muséale et par « écoles », de l’art optique à l’art minimaliste, en passant par le surréalisme, le pop’art, l’hyperréalisme…

Ensuite, à une douzaine de kilomètres de là, près de la montagne de Sintra, un musée d’art moderne moins tapageur, davantage intéressant par les expositions tournantes, qui portent sur le mobilier art déco, l’art cinétique, le mouvement Cobra, la séduction au cinéma...

Et, ne reniant pas ses origines, à Madère, sur les collines de Funchal, José ainsi que sa femme Carolina ont « retapé » un vaste domaine devenu parc botanique, zoologique et artistique. Ce dernier accueille lui aussi de manière permanente plusieurs grandes collections : plantes et espèces rares, alignant notamment les plus impressionnants cycas d’Afrique du Sud et au total dix mille espèces végétales, des cygnes noirs et des carpes koï, quelque 700 minéraux, un musée de sculptures sur pierre du Zimbabwe, des azulejos, des céramiques de Caldas da Rainha, un jardin japonais, toute cette exubérance surplombant la prodigieuse baie de Funchal.

A 25 kilomètres de là, à Calheta, Berardo a fait appel à l’architecte Paulo David pour construire un nouveau centre des arts, appelé la maison des modes qui expose essentiellement des œuvres d’art déco.

Calouste GulbenkianComment ne pas être frappé par l’imagination débordante et la passion expansive du collectionneur, dont les choix esthétiques sont fort différents de ceux dont fit preuve l’Arménien Calouste Sarkis Gulbenkian, magnat du pétrole et mécène d’une fabuleuse collection d’art – surtout ancien – (6000 œuvres) exposée elle aussi à Lisbonne, sa ville d’adoption ?

En suivant les traces de ce prédécesseur illustre, José Berardo souhaite léguer ou, selon certains, vendre ses collections principales à l’Etat portugais. Il déjà fait don à Madère de son Jardin tropical et ne cache guère ses trésors, qu’il souhaite montrer au plus grand nombre, ayant commencé à montrer certaines œuvres phares de ses collections en dehors du Portugal (voir, à l’occasion de l’exposition de 2008 - 2009 au Musée du Luxembourg : André Cariou, « De Miró à Warhol, la collection Berardo à Paris », Skira, 2009 ; Jean-François Chougnet, « La collection Berardo, de Miró à Warhol », Ed. Gallimard, collection Découvertes, 2008).

De son vivant, Calouste Sarkis Gulbenkian était d’une nature beaucoup plus réservée, moins expansive que celle de José Berardo. Maurice Rheims se plut à souligner qu’avant l’arrivée définitive au Portugal du magnat du pétrole, nul, à l’exception de son concierge, n’avait le droit de voir ses trésors. La porte de sa maison de l’avenue d’Iéna à Paris était close à tout visiteur.

L’idée de base de José Berardo est différente. Même s’il possède, dans ses divers domiciles, une collection des œuvres qui l’ont particulièrement touché, son principal but est selon lui de fournir aux Portugais « la bible la plus complète possible » de l’art représentant tous les mouvements artistiques du XXe siècle. La motivation principale, dont il aime parler, est la préservation de la culture, qui, sans collections et collectionneurs, risque de dépérir ou de disparaître : « garder les témoignages du passé ».
Rassembler et donner sens, car « rassembler, c’est donner du sens » (José Berardo, entretien avec Jean-François Chougnet, « De Miró à Warhol. La collection Berardo à Paris », Musée du Luxembourg, Skira Flammarion, Paris, 2008, p. 14).

Conserver ce qui est fait pour durer, mais que, régulièrement, les hommes négligent ou détruisent. A titre d’illustration, constituer le parc zen de Bombarral, auquel il tient tant, a pris naissance dans l’actualité de la dévastation par les talibans des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan.


The Berardo Collection

Site web de la collection Gulbenkian
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