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Paul Gardner Allen (Seattle, 1953 – vit en Californie ou dans un de ses yachts) :
une collection à tire-d’aile sur de drôles d’oiseaux (warbirds)
Paul Gardner Allen
Une surprenante collection d’avions de guerre
L’œuvre est passée quasiment inaperçue. Pourtant à la biennale d’art contemporain de Venise en 1999, elle occupait un espace non négligeable et bruyant, répercutant à qui mieux mieux le lourd vol de bombardiers durant la seconde guerre mondiale. Dans un long couloir, l’artiste danoise Simone Aaberg KAERN exposait une longue série de portraits de femmes qui furent pilotes durant cette guerre, la majorité d’entre elles étant russes.

Les avions de la Seconde Guerre ont leurs héroïnes ; ils ont aussi leurs concepteurs et leurs innovateurs sans lesquels l’aviation contemporaine ne serait pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

Afin de montrer l’ensemble des innovations liées aux avions de combat de 1935-1945, dénommés Warbirds, Paul Gardner ALLEN, impressionné déjà enfant par les maquettes de ceux-ci, s’est constitué une collection de quelques dizaines d’avions de chasse de l’époque, dont des Messerschmitt, des Avro Lancaster, des Focke-Wulf, des Curtiss Tomahawk, des Hawker Hurricane, des Polikarpov, des Supermarine Spitfire, un Mig-29.

C’est ainsi que le fondateur, avec Bill Gates, de la firme Microsoft est devenu « un important collectionneur d’avions de combat de la Deuxième Guerre mondiale » en se passionnant pour leur rôle technologique et scientifique, mais aussi politique, économique et social, au point de confier à une association éducative la fonction de montrer leur apport à la société, dans les aspects positifs comme négatifs.

Curtiss Tomahawk

En cohérence avec son intérêt pour les innovateurs, les créateurs et les inventeurs, Paul Allen a développé une série d’activités aéronautiques et aérospatiales (notamment un avion surborbital), dont la Flying Heritage Collection n’est qu’un aspect.
Le musée de Paine Field, à Everett dans l’Etat de Washington – Heritage’s Museum Paine Field – est aujourd’hui géré par l’organisation Friends of Flying Heritage qui s’est spécialisée dans l’histoire de l’aviation. Conçu selon les modèles muséologiques américains, le musée se présente avant tout comme un instrument largement pédagogique, par lequel les œuvres sont éclairées grâce à une importante documentation iconique et écrite. Mais les passionnés des formes esthétiques – et des films sur la Deuxième Guerre mondiale – auront suffisamment d’émotions en regardant les avions remis à neuf et en état de marche. Qui ne sera pas impressionné par les gueules béantes de requin colorées présentes sur le nez de certains d’entre eux !
Sur place, ils pourront contempler à loisir des modèles russes, anglais, allemands, américains et japonais achetés par le milliardaire américain, dont l’originalité de la collection frappe les imaginations. Davantage que d’un musée, il s’agit bien d’une collection privée d’objets, acquis selon des coups de cœur.

Simone Kaern - Sisters in the sky

Entre cette collection et les œuvres de Simone Kaern, la différence est pourtant de taille. Cette dernière valorise les aspects humains et a réalisé une série d’exploits en tant qu’aviatrice elle-même, amenant par exemple une femme afghane à effectuer une série de vols sur le territoire de son pays. Il s’agissait à la fois de « donner des ailes » à cette dernière, dans un pays où le statut de la femme ne lui confère guère ce genre de liberté, et en outre de réussir à obtenir un ensemble de laissez-passer extrêmement délicats à se procurer dans des régions décrétées non sûres. Ainsi, la valorisation effectuée par l’artiste danoise plasticienne porte sur l’exploit individuel montré et expliqué dans des vidéos ou par des interviews portant sur les performances aériennes.

S’intéressant aux exploits collectifs et entrepreneuriaux, Paul Allen se centre quant à lui en ingénieur, sur les réussites techniques et technologiques, sur la longue chaîne d’inventions qui conduit au progrès des radars et de l’armement défensif et offensif.

Mais par l’amour de l’aviation, l’un et l’autre, avec des moyens différents, nous entraînent vers cet aspect du monde qui fait partie de l’univers dit terrestre, qui n’est autre que le ciel, et vers ce que les hommes – et les femmes – en font et y font.

Simone Kaern

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